Un partenariat Afrique-Europe lance une étude pour évaluer les outils d'intervention d'urgence en cas de paludisme grave dans des zones rurales très isolées

27 nov 2023

Communiqué de presse

Photo credit: Damien Schumann / MMV

L'étude produira des données probantes sur l'intervention utilisée pour gagner du temps avant d'atteindre un établissement de santé.

Genève, Suisse, le 27 novembre 2023. Le nouveau consortium SEMA ReACT (SEvere MAlaria treatment with Rectal artesunate and Artemisinin-based Combination Therapy [in remote settings]) vise à combler le manque de données probantes sur l'utilisation d'une intervention initialement destinée à gagner du temps, suivit dès que possible par un traitement par voie orale lorsqu’un transfert rapide vers un établissement de santé n’est pas possible.

Le défi de sauver des vies lorsque les systèmes de santé s’effondrent.
Une infection palustre non traitée peut rapidement se transformer en une urgence médicale avec risque de décès dans les 24 heures après l'apparition des symptômes. Dans certaines zones rurales, l'hôpital le plus proche peut se trouver à plus de 6 heures de route. Pour les enfants gravement malades incapables de prendre un médicament par voie orale, l’administration d'artésunate par voie rectale permet de gagner un temps précieux en attendant d’arriver à l’hôpital. Il existe cependant des régions très isolées où les patients atteints de paludisme n’ont pas accès à un centre de santé, par manque de moyens de transport, à cause d'inondations pendant la saison des pluies, par manque d’infrastructures et de services, ou à cause de problèmes de sécurité ou de coûts.

À la suite d'études récentes sur l’administration pré-transfert d’artésunate rectal, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) signale que le non-respect des mesures de suivi recommandées,notamment le transfert vers un établissement de santé, suivi d’un traitement par voie intraveineuse et d’une planification adéquate de la sortie, peut avoir un impact négatif sur l’évolution de l’état du patient. Il existe actuellement peu de directives basées sur des données de vie réelle pour informer les agents de santé de premier recours sur la conduite à tenir lorsqu’il n’existe aucun moyen de transfert rapide des patients gravement malades vers un centre de santé de niveau supérieur.

Cette étude observationnelle de Phase IV vise à optimiser la prise en charge pré-transfert des patients atteints de paludisme grave, dans des conditions de vie réelle, en mettant en œuvre et en évaluant une nouvelle approche de prise en charge du paludisme grave, lorsqu’un transfert rapide vers un établissement de santé n'est pas possible. L'artésunate rectal sera administré au centre communautaire, et les résultats cliniques ainsi que les signes potentiels de résistance aux médicaments seront évalués. Cette intervention sera suivie de l'administration de combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (CTA) par voie orale, dès que le patient sera capable d’avaler les médicaments. Cette approche innovante est destinée à répondre aux défis réels auxquels sont confrontés les personnes vivant dans des zones rurales très isolées, et notamment l'impossibilité d'atteindre un établissement de santé à temps pour y recevoir un traitement.

Répondre aux besoins des patients en milieu rural
« La forme grave du paludisme est un cauchemar redouté par chaque foyer africain », explique Christine Manyando, responsable du Département de santé publique du Centre de recherche sur les maladies tropicales en Zambie. « Elle frappe sans prévenir et touche principalement les enfants. Les solutions développées et dirigées localement, telles que celles examinées dans cette étude, doivent être faciles à mettre en œuvre dans les communautés les plus touchées par le paludisme et durables pour assurer la viabilité des stratégies visant à sauver des vies. »

« Les nouveaux outils de lutte contre le paludisme ne sont utiles que s'ils sont intégrés dans les politiques et les pratiques des soins de santé, et s'ils font une différence dans la vie réelle des personnes qui en ont besoin, » déclare Jean-Pierre Van geertruyden, Professeur de Santé globale à l'Université d'Anvers en Belgique. « Ce projet de mise en œuvre est une étape indispensable, car il permettra d'évaluer et, espérons-le, de surmonter les obstacles à la mise en œuvre et au maintien de stratégies de qualité pour la prise en charge du paludisme grave. »

« Les personnes vivant dans la pauvreté dans des zones rurales très isolées sont parmi les plus exposées au risque de paludisme dans le monde, » déclare George Jagoe, VicePrésident Exécutif, Accès & Gestion des Produits de MMV. « En explorant des modes d’utilisation pragmatiques des médicaments antipaludiques actuels pour obtenir des résultats optimaux pour la prise en charge du paludisme grave dans ces environnements difficiles, cette étude pourrait contribuer à améliorer à l’avenir les algorithmes de prise en charge du paludisme grave en milieu rural. »

Le consortium est financé par le Partenariat Europe - Pays en développement pour les essais cliniques (EDCTP) et le Secrétariat d'État à la formation, à la recherche et à l'innovation suisse (SEFRI). Sa direction scientifique est assurée par le Centre de recherche sur les maladies tropicales de Zambie, et le Global Health Institute de l'Université d'Anvers en Belgique en assure la gestion et la coordination. Le volet sciences sociales de l'étude est dirigé par l'Université de Kinshasa en République démocratique du Congo. L'Institut national de la recherche médicale (NIMR) de Tanzanie dirige l'analyse moléculaire, et MMV (Medicines for Malaria Venture) est chargé de la communication et de la diffusion des données générées par l'étude.

Outre les partenaires du Consortium, le Centre national d'élimination du paludisme en Zambie et les programmes nationaux de lutte contre le paludisme en République démocratique du Congo et en Tanzanie joueront des rôles clés dans l'étude, en veillant à ce que les agents de santé soient prêts, en assurant la formation et en gérant la logistique dans les districts où l'étude sera menée. Pour en savoir plus, cliquez sur www.severemalaria.org/sema-react