Madagascar

Données factuelles concernant le paludisme

Photo: freres et soeurs
Le paludisme reste la quatrième cause de mortalité et la quatrième raison la plus fréquente de visite dans les établissements de santé à Madagascar. L’ensemble de la population est à risque de contracter la maladie, même si ce risque est hétérogène à travers le pays.[1]

Le pays fait partie des vingt pays ayant les taux les plus élevés de cas de paludisme et de décès dus à la maladie – en 2020, il représentait 1,5 % des cas et des décès dans le monde et 6,6 % des cas de paludisme en Afrique orientale et australe. Entre 2017 et 2020, le nombre estimé de cas a augmenté de 76 %, passant de 76 pour 1 000 habitants à risque à 113, et le nombre estimé de décès a augmenté de 83 %, passant de 0,19 pour 1 000 habitants à risque à 0,34.[2]

Le groupe d’âge le plus touché par le paludisme est celui des 6-13 ans, avec 33,85 % des cas. Les enfants de moins de 14 ans représentaient plus de 65 % des cas de paludisme en 2019. Prise en charge des cas

Les lignes directrices relatives à la gestion des cas à Madagascar sont alignées sur les recommandations de l’OMS et adaptées au contexte local. Le diagnostic et le traitement du paludisme est gratuit dans les établissements publics.

Les cas graves de paludisme sont traités avec de l’artésunate injectable, suivi d’une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine. L’artésunate rectal a été introduit en 2020 dans certains districts au niveau communautaire et dans les établissements de santé pour une intervention pré-transfert des enfants de moins de cinq ans atteints d’une maladie grave.[1]

Le principal obstacle à la gestion des cas est la distance géographique entre les foyers et les établissements de soins de santé ainsi qu’entre les établissements de soins de santé primaires et les hôpitaux de référence. De plus, la consultation de guérisseurs traditionnels est susceptible de retarder le traitement. Par ailleurs, 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le statut socio-économique des ménages et de chaque individu peut donc être source d’inégalités dans l’accès aux soins.

Bien que le diagnostic et le traitement du paludisme soient gratuits, les coûts des traitements supplémentaires et les coûts indirects des déplacements et de l’accompagnement des patients peuvent dissuader la population de se rendre dans les établissements de soins de santé.[3]

Soins communautaires

Madagascar dispose d’un vaste programme d’agents de santé communautaires bénévoles (CHV), avec environ 36 000 agents couvrant le pays (deux par fokontany, le plus petit niveau administratif).

Ces agents mènent des activités de sensibilisation à la prévention des maladies transmissibles, dont le paludisme. Ils fournissent également des services de prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (iCCM), y compris le dépistage et le traitement du paludisme, à environ 4,5 millions d’enfants de moins de cinq ans.[1] Les agents de santé communautaires bénévoles des zones ciblées ont été formés à l’administration d’artésunate par voie rectale en pré-transfert chez les enfants de moins de cinq ans atteints d’une maladie grave. Des quantités limitées d’artésunate rectal ont été distribuées dans les zones reculées à forte charge de morbidité en 2020.[1]

Madagascar prévoit d’étendre la prise en charge des cas de paludisme au niveau communautaire à tous les groupes d’âge. Cette approche sera mise en œuvre dans 41 districts identifiés comme hautement endémiques, vulnérables et ayant connu une résurgence au cours des dernières années.[3]

Prévention médicamenteuse

Madagascar a adopté l’approche multidimensionnelle de l’OMS pour les interventions médicamenteuses. Elle prévoit la prévention du paludisme pendant la grossesse sous forme d’administration d’au moins trois doses de sulfadoxine-pyriméthamine (SP), espacées d’un mois à partir du début du deuxième trimestre (à partir de treize semaines de grossesse) jusqu’à l’accouchement (TPIg3), ainsi qu’un diagnostic et un traitement rapides et efficaces du paludisme pendant la grossesse.[1]

Le pourcentage de femmes ayant reçu deux doses ou plus de TPIg (PPTp2) durant leur dernière grossesse au cours des deux dernières années est passé de 23 % à 29 % entre 2016 et 2018, tandis que celui ayant reçu un TPIg3 est passé de 11 % à 25 % au cours de la même période.

En raison de la fréquence de la résurgence et de l’augmentation du nombre de cas dans les districts les plus vulnérables, le Programme national de lutte contre le paludisme, avec le soutien de ses partenaires, prévoit de réaliser une étude de faisabilité sur la mise en œuvre de la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) dans les districts éligibles selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).[3]

Moustiquaires imprégnées d’insecticide

La possession de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) à Madagascar a globalement augmenté ces dernières années. En 2013, le pourcentage de foyers ayant au moins une MII était tombé à 69 % (contre 81 % en 2011), probablement en raison d’une période de restrictions gouvernementales américaines à Madagascar. En 2016 et 2018, toutefois, le pourcentage de foyers possédant au moins une MII était respectivement de 80 % et 78 %. (Les données de 2018 proviennent d’une enquête par grappes à indicateurs multiples. Cette enquête incluait les districts qui n’avaient pas reçu de MII lors de la campagne de distribution de masse, alors que les enquêtes sur les indicateurs de paludisme de 2013 et 2016 excluaient ces zones.)

Le pourcentage d’enfants de moins de cinq ans ayant, selon leurs responsables, dormi sous une MII la nuit précédente est passé de 62 % en 2013 à 73 % en 2016 (dans l’enquête par grappes à indicateurs multiples de 2018, l’estimation était de 62 %).[1]

Politique et pratiques en cas de paludisme grave

Lignes directrices nationales en matière de traitement
Recommandation Traitement
Forte Artesunate injectable
Recommendation Pré-transfert
Forte Artésunate Rectal
Recommandation dans la grossesse  (prévention)
Sulfadoxine-pyriméthamine