Angola

Faits concernant le paludisme

Le paludisme en Angola

L’Angola fait partie des dix pays les plus touchés par le paludisme (3 % des cas et des décès dans le monde).[1] Entre 2016 et 2019, il y a eu une hausse de 14,4 % des cas de paludisme (de 205 à 235 cas pour 1 000 habitants à risque). Toutefois, le nombre de décès a diminué de 7,3 % (de 0,46 à 0,43 pour 1 000 habitants à risque).

Selon les données du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), 8 % des cas de paludisme annuels déclarés en 2017 étaient des cas de paludisme grave[2].

Cinq provinces en particulier ont enregistré une augmentation des cas de paludisme et des décès liés au paludisme entre décembre 2017 et mars 2018[2]. En raison de la hausse des cas de paludisme, le ministère de la Santé a lancé des évaluations rapides dans les provinces les plus touchées[2].

Une étude sur le paludisme grave a été menée en janvier et février 2020 par Medicines for Malaria Venture (MMV)/Clinton Health Access Initiative (CHAI) afin de faire le bilan sur la prise en charge du paludisme grave en Angola et de contribuer à l’amélioration de la mise en œuvre du programme de lutte contre la maladie. L’étude a été réalisée dans les provinces de Luanda, Cuando Cubango et Uíge. Les principaux résultats ont été présentés au PNLP et aux partenaires : formation insuffisante sur la prise en charge des cas de paludisme grave, notamment sur la préparation de l’artésunate injectable et l’administration de l’artésunate rectal par les prestataires de soins de santé, ruptures de stock des produits médicaux nécessaires, consultations médicales tardives et manquements dans la surveillance du paludisme grave. Seuls 22 % des prestataires de soins avaient bénéficié d’une formation sur la prise en charge des cas de paludisme grave. Ces données permettent d’étayer le prochain Plan stratégique national de lutte contre le paludisme et d’améliorer la formation sur la prise en charge des cas de paludisme grave et leur gestion[3].

Afin de contribuer à l’élaboration du Plan stratégique national de lutte contre le paludisme pour la période 2021-2025, le PNLP, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a procédé à une évaluation formelle du programme en août 2020. [4]

La dépendance continue de l’Angola aux revenus pétroliers, combinée à une chute de plus de la moitié du prix du pétrole, font que le gouvernement angolais a du mal, ces dernières années, à respecter ses engagements relatifs à l’achat de produits médicaux pour toutes les interventions sanitaires, et notamment au paludisme. Les effets de la pandémie de Covid-19 n’ont fait qu’aggraver ces problèmes.[4]

Prise en charge des cas de paludisme grave

Le Programme national de lutte contre le paludisme préconise de traiter le paludisme grave avec de l’artésunate intraveineux ou intramusculaire dans les établissements capables d’administrer des médicaments par voie intraveineuse ou, à défaut, avec de l’artéméther par voie intramusculaire. Dans les établissements de niveau inférieur, l’artéméther intramusculaire est recommandé. Bien que la quinine soit l’option de troisième intention pour le traitement du paludisme grave, c’est le traitement le plus couramment utilisé en raison de l’indisponibilité de l’artésunate intraveineux ou intramusculaire ou de l’artéméther intramusculaire ainsi que de la pression exercée par les fabricants locaux de quinine qui en inondent le marché. [4]

Une rapide évaluation menée en 2020 a mis en évidence un certain nombre de pratiques anormales :

  • L’utilisation généralisée d’artéméther pour soigner le paludisme grave ;
  • L’utilisation interchangeable de médicaments pour traiter le paludisme grave au cours d’un traitement (exemples de plans de traitement passant de l’artéméther à l’artésunate).
  • L’utilisation d’artéméther pendant une période prolongée, même quand le processus clinique indique clairement que le patient s’alimente déjà normalement (les directives cliniques indiquent que ces patients doivent passer à une CTA orale dès que possible).

Le manque d’adhésion à l’artésunate peut également s’expliquer par les calculs nécessaires pour la dilution de l’artésunate. D’autre part, il se pourrait que l’artésunate injectable ne soit pas généralisé car les agents de santé ne se sentent pas autorisés à l’administrer.

Pour la prise en charge des cas graves avant leur transfert, il est recommandé d’administrer des suppositoires d’artésunate (ARC) aux enfants de moins de six ans.

Les directives de traitement du PNLP angolais stipulent qu’une intervention pré-transfert doit être effectuée lorsque le patient doit attendre plus de six heures avant de bénéficier d’une prise en charge complète. Les directives et les outils de travail indiquent les traitements suivants pour l’intervention pré-transfert : artésunate rectal, artésunate IM, artéméther IM et quinine IM. Les directives ne précisent pas le niveau minimum de prestation de soins pour l’administration de suppositoires d’artésunate. [5]

L’artésunate rectal n’est pas fourni au niveau communautaire (les agents de santé communautaires ne sont autorisés à traiter que les cas de paludisme simple) et est, en principe, le traitement de première intention dans les postes ou les centres de santé avant le transfert des patients vers les niveaux supérieurs. Toutefois, l’évaluation rapide a montré que l’utilisation de suppositoires d’artésunate semble être entravée par le manque de formations sur l’utilisation de ce produit et par son indisponibilité dans certains établissements de santé.[5]

Le ministère de la Santé a demandé au Fonds mondial un financement de 4,9 millions de dollars pour l’achat d’artésunate, d’artéméther et de quinine injectables (pour les femmes enceintes, au premier trimestre de leur grossesse). [2]

Prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (iCCM)

World Vision, l’un des principaux bénéficiaires de la subvention 2016-2018 du Fonds mondial, met en œuvre la stratégie de prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (iCCM) dans dix-huit municipalités de six provinces. L’Initiative présidentielle contre le paludisme (PMI) de l’USAID a également commencé à mettre en œuvre l’iCCM dans quatre municipalités supplémentaires de deux provinces fin 2017[2].

Initiatives transfrontalières

Une charge élevée de paludisme grave a été constatée dans les zones situées le long des frontières de l’Angola avec la République démocratique du Congo et la Zambie. Pour y remédier, deux initiatives transfrontalières ont été lancées grâce à un financement public de l’Angola et de la Namibie : l’Initiative de lutte contre le paludisme Trans-Kunene en 2011 et l’Initiative de lutte contre le paludisme Trans-Zambèze en 2013[4,5].

Système de santé

Le système de santé angolais est constitué de trois niveaux :[2]

  • Le premier niveau comprend les centres et postes de santé, les hôpitaux municipaux, les postes de soins infirmiers et les cabinets médicaux ;
  • Le deuxième niveau est constitué d’hôpitaux généraux et monovalents ;
  • Le troisième niveau regroupe les hôpitaux centraux et les hôpitaux spécialisés.

En 2016, le pays comptait 2 775 établissements de santé publics : 1 675 postes de santé, 431 centres de santé, 75 centres de santé maternelle et infantile, 166 hôpitaux municipaux, 25 hôpitaux provinciaux, 12 hôpitaux centraux/nationaux, 24 centres de santé spécialisés et 28 établissements de santé non classés[5].

En 2016, le gouvernement contribuait au budget des soins de santé à hauteur de 60 % environ (soit approx. 50 millions). Ce chiffre a toutefois fortement diminué en 2017 pour atteindre moins de 10 millions et représenter moins d’un tiers du budget total des soins de santé[4].

Distribution du paludisme

Photo: World Malaria Report 2018

Politiques et pratiques liées au paludisme grave

 

Directives thérapeutiques nationales
Recommandations Traitements
Forte Artésunate injectable (IV ou IM)
Alternative Artéméther intramusculaire
Alternative Quinine injectable

*Comme l’artésunate et l’artéméther sont souvent introuvables, la quinine injectable reste le traitement le plus couramment utilisé pour le paludisme grave dans tout le pays.

Recommandations Pré-transfert
Forte Suppositoires d’artésunate pour les enfants de moins de six ans

* Un antibiotique à large spectre doit aussi être administré

 

 

 

Grossesse

Recommandation

Prévention

Fort

Sulfadoxine-pyriméthamine (traitement préventif intermittent)

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