Guinée

Données factuelles concernant le paludisme

Photo: Little girl Guinea

Le paludisme est endémique dans toute la Guinée. Le pays fait partie des 17 pays où la charge du paludisme est la plus lourde au monde (2,1 % de l’ensemble des cas de paludisme et décès dus à cette maladie dans le monde et 1,6 % des cas de décès dans le monde en 2020 [1]). La Guinée représente 3,6 % des cas de paludisme en Afrique de l'Ouest[1]. 

Le pays a énormément progressé dans le contrôle et la prévention du paludisme, réduisant considérablement la prévalence du paludisme chez les enfants de moins de cinq ans, l'incidence annuelle du paludisme et les décès de patients hospitalisés. Entre 2017 et 2020, le nombre de cas de paludisme a connu une diminution de 9,7 %, passant de 354 à 320 pour 1 000 habitants à risque, bien que le nombre de décès ait augmenté de 1,6 %, passant de 0,77 à 0,78 pour 1 000 habitants à risque.[1]

Ces progrès sont dus à l’intensification rapide des initiatives de prévention et de contrôle du paludisme, menées par le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) du pays, et soutenues par l’US President’s Malaria Initiative (PMI) et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Le paludisme est endémique dans deux régions de Guinée (MICS 2016) : une zone de transmission modérée qui couvre cinq régions du pays et 63 % de la population générale, et une zone de faible transmission qui couvre trois régions, dont la capitale Conakry et 37 % de la population. [2]

Le principal vecteur du paludisme est l’Anopheles gambiaes sensu lato, présent dans tout le pays. Sa densité atteint son pic à la saison des pluies, de juin à octobre. L'espèce de parasites dominante est le Plasmodium falciparum, à 96,5 %. P. malariae et P. ovale représentent respectivement 3,3 % et 0,13 %. [2]

Entre 2017 et 2019, le pourcentage d'infections palustres chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes s’élevait respectivement à 37,3 % et à 3,9 %. [2] Selon les données de routine du PNLP, en comparaison avec la morbidité mondiale due au paludisme. Selon l’enquête démographique et de santé de 2018, 30 % des enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance et 9 % souffrent de malnutrition aiguë, tandis que 46 % des femmes en âge de procréer sont anémiques. [2]

En outre, les personnes qui ont difficilement accès aux services de santé constituent des groupes à risque élevé en matière de paludisme. Il s'agit notamment des populations itinérantes et des personnes qui vivent dans des zones reculées ou très éloignées des établissements de soins de santé. Parmi ces groupes, citons les populations vivant dans les zones minières de Kankan et de Faranah, ainsi que les communautés qui vivent autour des zones côtières. [2]
 

Prise en charge des cas

En collaboration avec des partenaires, le PNLP a révisé les directives nationales pour la lutte contre le paludisme dans le contexte de la COVID-19. Cet outil remanié servira de document de référence pour guider les interventions des acteurs de la mise en œuvre ainsi que des bénéficiaires. Le diagnostic différentiel entre le paludisme et le coronavirus est une préoccupation majeure pour les prestataires en raison de la similitude des symptômes (par ex. : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, etc.). Par conséquent, tout patient reçu dans les établissements de santé ou au niveau communautaire doit être considéré à la fois comme un cas suspect de COVID-19 et comme un cas suspect de paludisme. [3]
 

Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) ont été introduites dans la politique nationale en 2005. Conformément aux directives, tout cas de paludisme grave doit être traité avec des dérivés de l’artémisinine ou des sels de quinine parentérale. Dès que la voie orale est possible, le traitement doit privilégier les CTA. La prise en charge du paludisme grave doit être effectuée dans des établissements de santé dotés de capacités de traitement adéquat. Tout cas de paludisme grave chez la femme enceinte doit être traité avec de la quinine parentérale au cours du premier trimestre de la grossesse et des dérivés de l’artémisinine ou des sels de quinine parentérale au cours des deuxième et troisième trimestres. [3]

Tous les cas de paludisme grave observés dans un établissement de santé sans capacité de prise en charge adéquate devraient bénéficier d’une prise en charge spécifique avec des dérivés de l’artémisinine par voie intramusculaire ou sous forme de suppositoire avant leur transfert. Les enfants âgés de six mois à six ans examinés au niveau communautaire (relais communautaires formés au paludisme) devraient bénéficier d’une prise en charge spécifique avec de l’artésunate rectal avant d’être orientés vers l’établissement de santé le plus proche.

Prévention du paludisme

Entre 2012 et 2016, le recours à des moustiquaires traitées à l’insecticide parmi les populations vulnérables s’est largement répandu. L’utilisation par des enfants de moins de cinq ans est passée de 26 % à 68 % et celle des femmes enceintes de 28 % à 70 %.[3] Pour autant, un recul marqué dans l’utilisation de ces moustiquaires a été observé entre 2016 et 2018 : le taux de possession par les foyers est passé de 84 % à 44 %, et l’utilisation des moustiquaires par les populations vulnérables est revenue aux niveaux de 2012.[3]  
 

Une campagne nationale de distribution massive de MII a été mise en œuvre en 2019. La Fondation contre la malaria (Against Malaria Foundation, AMF) a soutenu cette campagne en faisant don de cinq millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide, distribuées dans 20 des 38 districts de Guinée. Une évaluation réalisée 18 mois après la campagne de 2019 a montré qu’en moyenne, 85 % des MII distribuées étaient présentes dans les ménages. [3]

En 2015, la Guinée a commencé à mettre en œuvre la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) dans six préfectures sanitaires du nord du pays, représentant une population totale de 2,2 millions d’habitants.[3] Peu à peu, le nombre de préfectures s’est élargi. Actuellement, l’initiative est mise en œuvre dans treize districts qui répondent aux critères de la CPS (choisis par le PNLP). Les activités de la CPS dans huit des préfectures sont soutenues par la PMI, tandis que les cinq autres sont soutenues par le Fonds mondial.[3]

La mise en œuvre de la CPS en Guinée comprend quatre cycles de distribution de sulfadoxine-pyriméthamine + amodiaquine (SPAQ) à tous les enfants âgés de 3 à 59 mois. Chaque cycle de distribution dure de quatre à cinq jours, et se déroule mois après mois entre juillet et octobre, ce qui correspond à la période de transmission la plus élevée dans la région. [3]. Récemment, un programme pilote visant à tester un cycle supplémentaire de CPS a été lancé dans l’un des districts. Il s’agit de commencer la saison plus tôt en juin sur la base des précipitations et des données sur le pic d’incidence, et l’impact supplémentaire sur les indicateurs du paludisme est examiné.

Grossesse et paludisme

L’objectif du plan stratégique national de la Guinée pour 2023 consiste à ce qu’au moins 60 % des femmes enceintes reçoivent au moins trois doses de sulfadoxine-pyriméthamine (SP) dans le cadre du traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIg3) afin de prévenir les risques de contracter le paludisme tout au long de leur grossesse. [3]

Des progrès ont été réalisés à cet égard : le pourcentage de femmes ayant reçu au moins deux doses de TPIg lors de leur dernière grossesse au cours des deux dernières années est passé de 49 à 62 % entre 2016 et 2018, tandis que le pourcentage de celles ayant reçu au moins trois doses est pour sa part passé de 30 à 36 % au cours de la même période. [3]

La stratégie nationale prévoit que tous les cas de paludisme grave parmi les femmes enceintes soient traités par quinine parentérale pendant le premier trimestre de la grossesse, puis par injection intramusculaire de dérivés de l’artémisinine ou de quinine parentérale à partir du deuxième trimestre. La stratégie suit également les directives de l’OMS concernant les femmes enceintes séropositives. [3]. Il convient de noter que les directives de l'OMS sur le traitement du paludisme recommandent également d'utiliser de l’artésunate injectable (Inj AS) au cours du premier trimestre de la grossesse.

Politiques et pratiques en matière de paludisme grave [2,3]

Directives nationales en matière de traitement
Recommandation Traitement
Forte Artésunate injectable
Alternative Artéméther injectable
Alternative Quinine injectable
Recommandation Pré-transfert
Alternative Artésunate administrable par voie rectale
   
Grossesse
Recommandation Prévention
Forte

Sulfadoxine-pyriméthamine (traitement préventif intermittent)

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