Nigéria

Photo: Alvaris Elvis from the Swiss Malaria Group

Données factuelles concernant le paludisme

Le paludisme est présent partout au Nigeria ; 97 % de la population sont exposés au risque de contracter le paludisme. La saison de transmission peut durer toute l’année dans le sud du pays et au maximum trois mois dans la partie nord du pays. Le parasite Plasmodium falciparum qui cause le paludisme prédomine au Nigeria. Dans la majeure partie du pays, le vecteur principal est l’Anopheles (An.) gambiae s.s., représentant 67,1 % de tous les An. gambiae s.s. collectés. Anopheles funestus est le vecteur secondaire dans certaines régions du Nigeria. [1]

Selon le Rapport mondial 2021 sur le paludisme, le Nigeria a enregistré en 2020 le plus grand nombre de cas de paludisme dans le monde (27 % des cas de paludisme dans le monde), ainsi que le plus grand nombre de décès dus à cette maladie (32 %).[2] En 2020, le pays représentait 55,2 % des cas de paludisme en Afrique de l'Ouest.[2]

Entre 2017 et 2020, le nombre de cas a augmenté de 5,3 %, passant de 298 à 314 pour 1 000 habitants à risque. Les décès ont augmenté de 4,7 %, passant de 0,92 à 0,97 pour 1 000 habitants à risque au cours de cette même période. [2]

Les données microscopiques de l’enquête démographique et de santé (NDHS) du Nigeria en 2018 montrent que la prévalence de la parasitémie palustre chez les enfants de moins de cinq ans s’élève à 23 % (contre 27 % en 2015 et 42 % en 2010), bien qu’il existe de fortes variations régionales, rurales/urbaines et socio-économiques :

La prévalence varie de 16 % dans les zones du Sud et du Sud-Est à 34 % dans la zone du Nord-Ouest.[1] Parmi les populations rurales, la prévalence est 2,4 fois plus élevée que dans les populations urbaines (31 % contre 13 %).

Par rapport au groupe socio-économique le plus élevé, la prévalence chez les enfants du groupe socio-économique le plus faible est sept fois plus élevée (38 % contre 6 %). [1] 

En réponse au problème du paludisme au Nigeria et pour guider la mise en œuvre, le Programme national d’élimination du paludisme (PNEP) a lancé l’approche « High Burden High Impact » (HBHI) avec l’appui technique de l’OMS et des partenaires techniques. [1] L’actuel Plan stratégique national de lutte contre le paludisme (PSNLP) pour la période 2021-2025 vise à éradiquer le paludisme au Nigeria en réduisant la morbidité palustre à moins de 10 % et la prévalence parasitaire et la mortalité imputable au paludisme à moins de 50 décès pour 1 000 habitants d’ici 2025. [1].

Le gouvernement du Nigeria a obtenu des crédits de la part de trois banques multilatérales (la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et la Banque islamique de développement) pour un montant total de 364 millions de dollars. Ces fonds sont destinés à financer des initiatives dans le secteur de la santé dans 13 États de la Fédération pendant cinq ans (2020-2024) pour lutter contre le paludisme [1].

Prise en charge et contrôle des cas de paludisme grave

En 2012, le PNEP a remplacé le traitement de première intention contre le paludisme grave, passant de la quinine à l'artésunate injectable, conformément aux nouvelles directives de l’OMS en matière de traitement. [1] Le traitement pré-transfert recommandé pour le paludisme grave est l’artésunate intramusculaire ou les suppositoires d’artésunate (ARC), la quinine intraveineuse ou l’artéméther intraveineux.[1]

Le paludisme chez la femme enceinte

Le Nigeria a adopté le modèle de soins prénatals de l’OMS de 2016, qui recommande un minimum de huit contacts pendant la grossesse. La proportion de femmes enceintes ayant reçu au moins deux doses de sulfadoxine-pyriméthamine (SP) a plus que doublé entre 2013 et 2015, passant de 17 à 41 % .[1] Une baisse significative a été observée en 2016 (31 %) avant un retour aux niveaux de 2015 en 2018 (soit 40 % d’observance du TPIg). Une tendance similaire a été observée en ce qui concerne la proportion de femmes enceintes ayant reçu au moins trois doses de SP, bien que la couverture ne soit pas revenue aux niveaux de 2015 (7 % en 2013, 21 % en 2015, 15 % en 2016 et 17 % en 2018).[2]

Parmi les facteurs qui entravent le recours à la SP chez les femmes enceintes, citons les faibles taux de fréquentation des soins prénatals, les restrictions qui empêchent les agents non pharmaciens de distribuer la SP, les occasions manquées lors des visites et la non-disponibilité.[1]

Les directives nationales précisent que les femmes enceintes atteintes de paludisme grave doivent être traitées à l’artésunate injectable (ou à la quinine en intraveineuse si l’artésunate injectable n’est pas disponible) à partir de leur 2e trimestre de grossesse. [1] Les récentes directives de l'Organisation mondiale de la santé recommandent désormais l'utilisation de l'artésunate injectable au cours du 1er trimestre de la grossesse.

Moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII)

La possession de MII a plafonné et a commencé à diminuer légèrement au Nigéria – les ménages ayant accès à une MII sont passés de 50 % en 2016 à 47 % en 2018. Les campagnes de masse sur les MII ont lieu tous les trois ou quatre ans dans seulement 24 États, et les canaux de distribution continue ne sont pas suffisants pour maintenir la couverture des MII. [1] Cependant, la proportion de la population ayant dormi sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide la nuit précédente est passée de 41 % à 43 % entre 2016 et 2018. Au cours de la même période, la proportion d’enfants de moins de cinq ans (de 49 % à 52 %) et de femmes enceintes (de 40 % à 58 %) ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente a également augmenté. [1]

Chimioprévention du paludisme saisonnier

La stratégie du PNEP recommande la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) dans neuf États de la région du Sahel : Sokoto, Kebbi, Zamfara, Bauchi, Katsina, Kano, Jigawa, Yobe et Borno. Il est recommandé de prodiguer quatre doses de SP + amodiaquine (SPAQ) à intervalles mensuels pendant la saison de transmission du paludisme qui dure 4 mois. Les administrations locales (LGA) sont au nombre de 227 et ces États comptent une population d’environ 11 millions d’enfants de moins de cinq ans.[1]

Au total, 418 812 470 traitements de SPAQ vont être nécessaires pour assurer la CPS de 2020 à 2022 dans les 9 États éligibles et ainsi couvrir environ 35 millions d’enfants âgés de 3 à 59 mois par an sur une période de trois ans. [1] En 2018, seuls 30 % des enfants éligibles à la CPS environ ont bénéficié de l’initiative. Le pays a l’intention de se procurer 2,5 millions de traitements de SPAQ supplémentaires pour poursuivre les efforts de CPS dans les États de Sokoto et de Zamfara.[1]

Niveaux de soins de santé

Le système de soins de santé public constitue 67 % de l’ensemble des établissements de santé et se divise en trois niveaux : fédéral, États et administrations locales (LGA) ou Agence nationale de développement des soins de santé primaires.[1]

Le budget fédéral de la santé couvre les soins tertiaires et les programmes de contrôle des maladies (y compris la lutte contre le paludisme). Il existe 83 établissements de soins tertiaires. Le budget de la santé de l’État couvre les soins secondaires et on décompte 3 992 établissements secondaires. Les budgets des administrations locales portent sur les soins de santé primaires alors qu’il existe 30 098 établissements de soins de santé primaires.

Le gouvernement nigérian reçoit des fonds destinés à la lutte contre le paludisme de la part du Fonds mondial, de l’US President’s Malaria Initiative (PMI) et d’autres organismes. Il a également obtenu des prêts de la part de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et de la Banque islamique de développement. Le pays a également été financé par le DFID (désormais appelé Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO)), ainsi que par divers acteurs non gouvernementaux. Des sociétés du secteur privé, actives dans l’industrie extractive, ont également mis en œuvre des programmes de lutte contre le paludisme.[1]

Des programmes de CPS sont mis en œuvre dans les États de Sokoto, Jigawa, Katsina et Zamfara par le Malaria Consortium.[1]

Populations ayant un faible accès au traitement

Nord-Est du Nigeria : du fait d’insurrections et d’attaques perpétrées à l’encontre des agents de santé, il est difficile d’assurer des services de lutte contre le paludisme.[4]

Communautés rurales : certaines communautés rurales difficiles d’accès (env. 5 %) requièrent de mettre en place des mesures de transport spéciales (bateaux ou chameaux). Il est difficile de mettre en place un service régulier. [4]

Population nomade : la population n’a pas de localisation fixe, ce qui la rend difficile d’accès. Beaucoup pensent que la fièvre est une maladie qui touche les Peuls et ne nécessite aucun traitement ; ils préfèrent se tourner vers les vendeurs de médicaments privés et éviter les centres de santé.[4]

Politiques et pratiques liées au paludisme grave

Directives thérapeutiques nationales
Recommandations Traitements
Forte Artésunate IV
Alternative  Artéméther IM
Alternative Quinine IV
Recommandations Pré-transfert
Forte Artésunate IM
Alternative Artésunate rectal (enfants)
Alternative Artéméther IM
Alternative Quinine IM
Traitement pendant la grossesse
Recommandation Traitements
Forte Artésunate injectable

 

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