Niger

Charge du paludisme

Photo: Jeune fille Nigérienne

Le Niger est l’un des pays les plus pauvres du monde, 80 % de la population vivant avec moins de deux dollars par jour et seulement 48 % de la population ayant accès à un centre de santé dans un rayon de moins de cinq kilomètres. L’espérance de vie à la naissance est de 60,4 ans. Bien que 84 % de la population vive en zone rurale, seuls 24 % de tous les prestataires de services de santé se trouvent dans les régions rurales.[1]

Le paludisme est endémique dans tout le Niger, qui est l’un des 11 pays à supporter 70 % de la charge mondiale du paludisme ; le pays a adopté l’approche « High Burden to High Impact » (HBHI). En 2020, le Niger représentait 3,3 % des cas mondiaux de paludisme, 2,8 % des décès dus au paludisme dans le monde et 6,7 % des cas de paludisme en Afrique de l’Ouest. [2]

Toutefois, le nombre de cas estimés a diminué de 11 % entre 2017 et 2020 (de 364 à 324 pour 1 000 habitants à risque) et le nombre de décès a diminué de 14 % au cours de la même période (de 0,84 à 0,72 pour 1 000 habitants à risque).[2] La baisse du taux de mortalité reflète l’amélioration de la qualité du traitement hospitalier des cas de paludisme grave, associée au renforcement des capacités des établissements de soins de santé en matière de traitement des cas de paludisme – formation des agents de santé au traitement des cas de paludisme, disponibilité des ressources de diagnostic et de médicaments pour la prise en charge du paludisme. [6]

Il existe peu de nouvelles données disponibles sur la couverture par les moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII). Selon l’enquête démographique et de santé (EDS) de 2012, 61 % des ménages ont déclaré avoir au moins une moustiquaire imprégnée d’insecticide. [1]

Outre le paludisme, la malnutrition aiguë est un problème majeur de santé publique au Niger. Selon l’enquête SMART sur la nutrition réalisée en 2019, le taux de malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans est de 45,7 % et la malnutrition aiguë globale touche 10,7 % des enfants, dont 2,7 % souffrent de malnutrition sévère. La malnutrition aiguë culmine chaque année entre juin et octobre, correspondant à la saison creuse et au pic de transmission du paludisme – quatre mois pendant la saison des pluies durant laquelle la majorité des cas de paludisme (60 % des cas) sont contractés. Pour prévenir ces pics de paludisme, le Niger déploie un programme de chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) depuis 2013 et combine la CPS avec le dépistage de la malnutrition aiguë depuis 2016. [6]

Impact de la COVID-19

  • L’épidémie de COVID-19 touche le Niger depuis mars 2020. Elle a eu une incidence négative sur l’exécution des activités du programme, notamment :
  • L’enquête sur les indicateurs du paludisme (EIP) a été reportée 
  • Le renforcement des capacités des prestataires de santé a été retardé.
  • Certains agents de santé ont été infectés, ce qui a entraîné la fermeture de plusieurs établissements de soins de santé et nécessité l’arrêt de certains services de prévention, notamment les consultations prénatales et les vaccinations. 
  • La mise en œuvre de la campagne de distribution de moustiquaires à imprégnation durable (MID) et de chimioprévention du paludisme saisonnier a dû être reportée et adaptée.
  • Les équipements de protection des agents de santé doivent être améliorés pour les protéger et donner confiance aux patients, afin de garantir la continuité des services.

Un plan d’urgence intégré a été élaboré pour le programme de lutte antipaludique avec l’appui technique de l’OMS. [6]

Prise en charge des cas de paludisme grave

Les directives du Niger relatives au diagnostic et au traitement du paludisme, mises à jour en décembre 2017, stipulent que les cas graves doivent être traités en première intention avec de l’artésunate injectable. Dans les établissements où le traitement complet du paludisme grave n’est pas possible, mais où des formes injectables sont disponibles, il est recommandé d’administrer aux enfants et aux adultes une dose intramusculaire unique d’artésunate (ou artéméther), puis de les orienter vers des soins appropriés. [6]

Les objectifs de prise en charge des cas du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), tels que définis par le PSNLP[1], sont les suivants :

  • Au moins 90 % des cas suspects de paludisme ont subi un test (TDR ou microscopie)
  • Au moins 90 % des cas confirmés de paludisme dans les établissements de santé ont reçu un traitement antipaludique adéquat conformément aux directives nationales
  • Au moins 90 % des cas confirmés de paludisme grave dans les établissements de santé ont reçu un traitement antipaludique adéquat conformément aux directives nationales
  • Au moins 90 % des cas de paludisme simple confirmés par les relais communautaires ont reçu un traitement antipaludique adéquat conformément aux directives nationales.

Dans les établissements ne disposant pas d’artésunate injectable, il est recommandé d’administrer aux enfants de moins de six ans une dose unique d’artésunate (10 mg/kg) par voie rectale et de les transférer immédiatement. [6]

Il y a peu d’informations disponibles sur la prise en charge assurée par les prestataires. Selon l’évaluation de 2019 sur la disponibilité et la capacité opérationnelle des services (SARA), 64 % des cas de paludisme ont été traités de manière adéquate et 86 % des cas confirmés ont été traités conformément aux directives nationales.[1]

Le paludisme chez la femme enceinte

Conformément aux Directives nigériennes sur le diagnostic et le traitement du paludisme, le traitement préventif intermittent pour les femmes enceintes (TPI) doit commencer au quatrième mois de la grossesse (après accélération) jusqu’à l’accouchement, avec un intervalle d’un mois entre les doses. La sulfadoxine/pyriméthamine (SP) doit être administrée sous surveillance directe du personnel de santé qualifié[1].

Tous les cas de paludisme simple au cours du premier trimestre doivent être traités à la quinine orale en trois doses quotidiennes pendant sept jours, car les CTA sont contre-indiqués pendant cette période. Pendant les deuxième et troisième trimestres, tous les cas simples doivent être traités oralement par CTA (ou avec de la quinine orale pendant sept jours s’il n’y a pas de CTA disponibles). Pour le paludisme grave, les femmes enceintes doivent recevoir de l’artésunate ou de la quinine injectable si l’artésunate n’est pas disponible ou n’est pas toléré[1].

Toutefois, les femmes enceintes attendent souvent leur dernier mois de grossesse avant de demander des soins. Une enquête menée en 2019 (Évaluation sur la disponibilité et la capacité opérationnelle des services, SARA) a montré que si 80 % des établissements offrent des services TPI, seuls 47 % d’entre eux ont des prestataires de soins de santé formés au TPI[1]. Outre les frais de la carte de santé (200 francs CFA ou 0,40 euros), tous les services ANC et TPI sont gratuits.

Le pourcentage de femmes bénéficiant du TPIg a augmenté entre 2017 et 2020 ; toutefois, il y a une diminution de la proportion de femmes recevant d’autres doses après la première (rapports trimestriels du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP)). Au cours de cette période, le TPIg1 est passé de 66 % à 71 %, le TPIg2 de 42 % à 64 % et le TPIg3 de 31 % à 46 %. [1]

Chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS)

En 2013, le Niger a lancé la CPS à base de sulfadoxine/pyriméthamine associée à l’amodiaquine (SPAQ) dans le sud du pays, ciblant 205 959 enfants âgés de trois mois à cinq ans pendant la campagne de CPS. Le taux de refus des campagnes de CPS est très faible et diminue à chaque cycle : pour 2020, env. 4,5 millions d'enfants ont été traités au cours des quatre cycles et aucun enfant/responsable des enfants n’a refusé le traitement.[1]

Avec la nouvelle cartographie des risques élaborée en 2020, le nombre de districts éligibles à la CPS est passé de 61 en 2020 à 67 en 2021. [1] L’extension de la CPS à ces six nouveaux districts permettra de traiter 164 771 enfants supplémentaires par rapport à 2020. [6]

Le traitement est dispensé par le biais de campagnes de porte-à-porte ainsi que de sites de distribution fixes. En 2016, le dépistage de la malnutrition a été ajouté à la campagne CPS. Les enfants identifiés comme souffrant de malnutrition sévère ou modérée sont dirigés vers un Centre de santé intégré (CSI) qui dispose d’un centre de traitement nutritionnel.[1]

La mise en œuvre de la CPS au Niger est synchronisée avec celles mises en place au Burkina Faso et au Mali, et des activités transfrontalières sont organisées entre ces trois pays, en particulier des activités de planification, de supervision et d'évaluation. Ces activités transfrontalières permettent d'améliorer la couverture des zones exposées à l’insécurité en touchant les populations frontalières[6].

Diagnostic et traitement

Conformément aux Directives nigériennes sur le diagnostic et le traitement du paludisme, mises à jour en décembre 2017, tout cas suspect de paludisme doit être confirmé par un test de diagnostic (test de diagnostic rapide (TDR) ou microscopie), suivi d’un traitement par une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine (CTA)[1].

La microscopie est effectuée dans les hôpitaux de district et dans le secteur privé, tandis que les TDR sont utilisés dans les centres de santé et au niveau communautaire. En 2019, 91 % des établissements de santé offraient des tests de diagnostic rapides (88 % en 2015) et 24 % la microscopie (20 % en 2015). 61 % des établissements ont un agent de santé formé au diagnostic et au traitement du paludisme (52 % en 2015)[1].

Il y a peu d’informations disponibles sur la prise en charge assurée par les prestataires. Selon l’évaluation de 2019 sur la disponibilité et la capacité opérationnelle des services (SARA), 64 % des cas de paludisme ont été traités de manière adéquate et 86 % des cas confirmés ont été traités conformément aux directives nationales[1]

Prise en charge des cas au niveau communautaire

Dans le but d’accroître l’accès aux soins pour les enfants de moins de cinq ans, le ministère de la Santé du Niger encourage les activités de santé communautaire en développant à l’échelle nationale la prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (iCCM) par des agents de santé communautaires (ASC), appelés « relais communautaires », dans les villages situés à plus de cinq kilomètres d’un établissement de santé. En juillet 2016, une nouvelle politique de santé communautaire détaillant sa mise en œuvre et sa gestion a été adoptée. [1] 

Le programme iCCM comprend le diagnostic par des tests de diagnostic rapide (TDR) et le traitement par combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) pour le paludisme ainsi que le diagnostic et le traitement de la pneumonie et de la diarrhée, et le dépistage de la malnutrition en plus du transfert pour toutes les maladies. [1]

Les agents de santé communautaires participent à une formation de dix jours conformément aux orientations nationales adoptées à partir du matériel de formation de l’UNICEF et reçoivent un kit contenant les fournitures nécessaires (dont CTA et TDR) fournies dans les régions de Tahoua et de Dosso par la PMI et l’UNICEF. Le ministère de la Santé a décidé que les ASC devraient bénéficier d’une incitation de 10 000 francs CFA par mois, dont la moitié devrait provenir de donateurs. [1]

On estime que 16 000 ASC sont nécessaires pour assurer une couverture nationale du programme iCCM. [1] Actuellement, la densité d’ASC pour 10 000 habitants est plus élevée dans le sud du pays que dans le nord. Cela s’explique principalement par le retard pris dans le processus d’élargissement de l’iCCM – certaines communes de plusieurs districts sanitaires n’ont pas mis en œuvre l’iCCM. 

Au cours du premier trimestre 2020, un total de 6 573 agents de proximité communautaires répartis dans 40 districts sanitaires ont offert des services dans le cadre de la prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire et un traitement du paludisme à domicile (HBTm).

Défis à relever pour lutter contre le paludisme simple et grave

  • Distances et conditions routières : l’éloignement des centres de santé a un impact négatif sur la demande de soins. La plupart des déplacements se font à pied et il n’est pas rare que les gens aient à marcher six heures pour parvenir jusqu’à un centre de santé : 61 % de la population se trouve à plus d’une heure de marche d’un centre de santé (76 % pendant la saison des pluies, de mai à octobre). Dans la région de Tahoua, les habitations qui se trouvent entre quatre et douze heures de marche d’un établissement de santé pendant la saison sèche en sont encore plus éloignées pendant la saison des pluies (douze à vingt-quatre heures).
  • Manque d’argent des ménages : la période allant de juin à octobre correspond à un pic de transmission du paludisme et de malnutrition aiguë. Au cours de cette « saison maigre » – juste avant la récolte – les agriculteurs de subsistance qui constituent la majorité de la population nigérienne n’ont pas les ressources économiques nécessaires pour se rendre dans un établissement de santé et la population ne sait pas que les médicaments antipaludiques sont gratuits dans les établissements de santé.
  • Autonomisation économique limitée des femmes : les femmes qui sont les principales responsables des enfants ne se rendent dans un établissement de santé que si leur mari leur donne de l’argent pour cela. En outre, les femmes sont seules responsables de la santé des enfants et ne reçoivent pas de soutien des ménages masculins.
  • Perception négative des postes de santé : les responsables des enfants pensent que le poste de santé manque de personnel et ne croient pas pouvoir y recevoir l’aide nécessaire. D’autres facteurs contribuent à l’opinion défavorable sur les postes de santé : les horaires limités, l’attente prolongée, le manque d’équipement, les capacités diagnostiques insuffisantes et le manque de médicaments.

Profil épidémiologique du paludisme pour le Niger

Photo : Profil épidémiologique du paludisme pour le Niger

Admissions et décès dus au paludisme grave au Niger

Image : Admissions et décès dus au paludisme grave au Niger
Directives nationales relatives au traitement

Recommandation

Traitement

Fort

Artésunate IV/IM

Alternative

Quinine

 

Recommandation

Pré-transfert

Établissements de santé périphériques

Artésunate rectal ou parentéral ou quinine IM au niveau de l’établissement

Niveau communautaire

Artésunate rectal

 

Grossesse

Recommandation

Traitement

Pour tous les trimestres

Artésunate IV

Recommandation

Protection

TPIp

Sulfadoxine/pyrimethamine

 

 

Chimioprévention du paludisme saisonnier

Recommandation

Protection

Enfants âgés de trois mois à cinq ans

Sulfadoxine-pyriméthamine et amodiaquine (SP+AQ)

 

Sources de financement de la lutte contre le paludisme pour le Niger

IImage : Sources de financement de la lutte contre le paludisme pour le Niger

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