Mali

Données factuelles concernant le paludisme

Le paludisme est la première cause de morbidité et de mortalité au Mali. Au niveau mondial, le Mali fait partie des dix pays où le nombre de cas et de décès du paludisme est le plus élevé – 3 % des cas et des décès dans le monde, et 3,1 % des décès dans le monde en 2020. Le Mali représente 6 % des cas de paludisme en Afrique de l’Ouest. Entre 2017 et 2020, le nombre de cas a chuté de 7,6 %, passant de 387 à 357 pour 1 000 habitants à risque, tandis que le nombre de décès a augmenté de 22 %, passant de 0,78 à 0,95 pour 1 000 habitants à risque.[1]

L’impact du paludisme sur les enfants de moins de cinq ans au Mali est élevé. Le Mali présente le deuxième niveau le plus élevé d’anémie grave chez les enfants de moins de cinq ans.[1] Plus de 40 % des enfants ayant indiqué avoir de la fièvre n’ont pas consulté pour des soins et moins de 30 % des enfants ayant consulté pour des soins ont été testés pour le paludisme.[1] Pour réduire la charge du paludisme dans le pays, l’approche d’une charge élevée à un fort impact (« High Burden to High Impact approach ») a été lancée en novembre 2019.[1]

La prévalence du paludisme varie d’une région à l’autre, de 1 % à Bamako à 30 % dans la région de Sikasso. La prévalence de la maladie chez les enfants de moins de cinq ans s’élevait à 19 % en 2018. Le paludisme est endémique dans les régions du Centre et du Sud, où se concentrent environ 90 % de la population malienne. Il est épidémique dans le Nord en raison de la viabilité limitée des espèces d’anophèles dans un climat désertique.[2]

Le pays compte par conséquent trois zones de paludisme :

Zone de paludisme stable : dans cette zone, la maladie est transmise toute l’année, avec quelques variations saisonnières. Ce type de transmission touche les zones guinéenne et soudanaise, ainsi que les barrages et zones intérieures du delta du Niger.

Zone de paludisme instable : cette zone présente une transmission intermittente du paludisme (principalement la région du Sahel et saharienne) et est touchée par les épidémies ; les habitants ne sont donc pas suffisamment immunisés contre le paludisme.[4]

Zone de paludisme sporadique : il s’agit typiquement du cas de la zone saharienne où la population ne présente aucune immunité contre le paludisme. Tous les groupes d’âge sont exposés à des infections graves et compliquées.[4]

Le pays a mis en place plusieurs politiques pour venir en aide aux femmes enceintes et aux enfants [3], parmi lesquelles : 

  • Gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes en 2017
  • Soins fortement subventionnés pour le reste de la population

Les populations clés, susceptibles de ne pas avoir accès aux soins, sont les indigents, les personnes déplacées, les réfugiés, les rapatriés et les populations disposant d’un accès géographique limité aux centres de santé (rayon de plus de 5 km), les immigrants et les nomades.[4]

Le Mali continue de présenter un taux d’accès élevé (90 % en 2018) et un taux d’utilisation élevé (79 % en 2018) des moustiquaires traitées à l’insecticide. La proportion de femmes enceintes (84 % en 2018) et d’enfants de moins de cinq ans (79 % en 2018) qui dorment sous des moustiquaires reste également élevée. Le pays vise une couverture universelle de la distribution de moustiquaires d’ici à 2022.[3]

Prise en charge des cas

Les cas confirmés de paludisme grave sont traités avec des dérivés injectables d’artémisinine (artésunate ou artéméther) ou de la quinine. Des trousses gratuites d’injectables à base d’artésunate sont mises à la disposition des établissements de santé pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Le traitement du paludisme grave confirmé chez les femmes enceintes est l’artésunate injectable en première intention, l’artéméther injectable en deuxième intention et la quinine injectable en troisième intention.

Environ un quart de tous les cas de paludisme signalés chaque année chez les enfants sont classés comme graves. La proportion de tous les cas graves signalés a augmenté entre 2017 et 2020 chez les enfants âgés de cinq ans et plus. Il est possible que les médecins signalent des cas simples comme des cas graves pour justifier un traitement par antipaludiques injectables. Le Fonds mondial prépare actuellement une évaluation de la surveillance du paludisme qui examinera également la classification erronée des cas graves de paludisme. [2]

Pour 2021-2023, le besoin total d’artésunate injectable est estimé à environ 14,5 millions de flacons. Toutefois, ce chiffre part du principe que 15 % à 18 % des cas signalés sont des cas de paludisme grave (ce qui peut-être une surestimation). [2]

Traitement préventif intermittent pendant la grossesse

La politique nationale de santé reproductive du Mali a été revue en 2020 et le pays a adopté le modèle de soins prénatals de l’OMS qui comprend au moins huit contacts entre une femme enceinte et le système de santé. Le TPIg est la principale stratégie de prévention du paludisme chez les femmes enceintes, et la politique stipule que les femmes enceintes doivent recevoir au moins trois doses de TPIg. La première dose doit être administrée au cours de la treizième semaine de grossesse, les doses suivantes étant administrées chaque mois. Le gouvernement malien envisage d’élargir la distribution communautaire du TPIg, en privilégiant les districts où la charge du paludisme est élevée et où l’utilisation du TPIg3 est très faible. [2]

En 2018, même si la majorité (80 %) des femmes enceintes assistent à au moins une visite de soins prénatals, seules 37 % de celles vivant en milieu rural ont assisté aux quatre visites recommandées, contre 67 % pour les femmes vivant en milieu urbain (enquête démographique et de santé 2018). Malgré cela, le traitement préventif intermittent pour les femmes enceintes (TPIg) a progressé ces dernières années. La proportion de femmes enceintes se rendant à une visite de soins prénatals et recevant au moins deux doses de sulfadoxine-pyriméthamine (SP) (TPIg2) est passée de 38 % en 2015 à 55 % en 2018. La proportion de femmes enceintes recevant au moins trois doses (TPIg3 ou TPIg3+) est passée de 21 % en 2015 à 28 % en 2018.

Chimioprévention du paludisme saisonnier

La chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) est administrée au Mali depuis 2012. En 2018, la CPS couvrait les enfants de moins de cinq ans à l’échelle nationale. En 2017-2018, elle a été expérimentée auprès des enfants de cinq à dix ans dans la circonscription de Kita. Le Programme national de lutte contre le paludisme souhaiterait l'étendre à tous les enfants âgés de cinq à dix ans dans les districts à haut risque ; les ressources limitées empêchent actuellement cette extension[2]. 

Dans le cadre de ce programme, tous les enfants éligibles souffrant de fièvre ont été testés afin de savoir s’ils souffraient réellement du paludisme avant de recevoir un traitement CPS. Si le test de dépistage du paludisme se révélait positif, l’enfant était alors traité au moyen d’une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine (CTA). Les enfants qui ne souffrent pas de malnutrition sévère reçoivent le traitement préventif standard contre le paludisme, à savoir la sulfadoxine-pyriméthamine + amodiaquine (SPAQ). Les enfants diagnostiqués comme souffrant de malnutrition sévère ne reçoivent pas de SPAQ et sont orientés vers les établissements de santé pour une prise en charge appropriée.[2]

Prévalence de P. falciparum (Enquête sur les Indicateurs du Paludisme, EIP 2015)

Politiques et pratiques liées au paludisme grave

Directives thérapeutiques nationales
Recommandations Treatment
Forte Artésunate IV        
Forte Artésunate IM
Alternative Artéméther IM
Alternative Quinine IV
Alternative Quinine IM
Recommandations Pré-transfert
Forte Artésunate rectal
Alternative Artésunate IM
Alternative Artéméther IM
Alternative Quinine IM

Traitement pendant la grossesse

Recommandations Traitements
Forte Artésunate inj
Alternative Artéméther IM
Alternative Quinine inj

 

Market information

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