Soudan du Sud

Données factuelles concernant le paludisme

Photo: une mère et son enfant en Afrique

Le paludisme est endémique dans tout le Soudan du Sud. Le paludisme est la première cause de morbidité et de mortalité avec une marge considérable ; 100 % de la population est exposé au risque de contracter la maladie.[1] Par ailleurs, Il fait partie des 22 pays où la charge du paludisme est la plus lourde au monde, représentant 1,3 % de l’ensemble des cas de paludisme et décès dus à cette maladie dans le monde en 2020, et 1,2 % des décès dus à cette maladie dans le monde [2]. En 2020, 5,7 % des cas de paludisme en Afrique orientale et australe sont survenus au Soudan du Sud.[2] Entre 2017 et 2020, le nombre de cas a connu une légère augmentation de 3,3 % (passant de 272 à 289 pour 1 000 habitants à risque), tandis que le nombre de décès ont également légèrement augmenté (1,2 %), passant de 0,656 à 0,664 pour 1 000 habitants à risque).[2]

Bien que les données complètes restent limitées, celles dont nous disposons indiquent des variations significatives de la charge du paludisme, en fonction de la zone géographique, de l’âge, du sexe et du statut socio-économique. [1] Comme dans d’autres pays d’Afrique de l’Est, la charge du paludisme est très saisonnière, avec un pic annuel pendant la saison des pluies. L’impact de ces changements à pousser une majorité de comtés à dépasser les seuils épidémiques pour les cas de paludisme au cours de la période de juillet à novembre sur une base annuelle. [1]

L’intensité de la transmission a basculé du sud du pays en 2013 au nord-ouest en 2017. Cette migration d’intensité a été attribuée à un certain nombre de facteurs, notamment les inondations, le manque d’accès aux services de santé, la comorbidité avec la malnutrition aiguë sévère et la faible couverture des interventions antipaludiques dans ces régions. [1] La résurgence du conflit armé en 2016 a également interrompu un certain nombre d’activités du programme de lutte contre le paludisme, bloqué l’accès aux établissements de santé ou les a détruits, et accru le problème des ruptures de stock régulières d’antipaludiques. Bien que le programme ait été rétabli depuis lors, un certain nombre de problèmes graves subsistent, entraînant des lacunes persistantes. Certaines régions du nord-est du pays, par exemple, restent peu sûres, ce qui limite considérablement ce qui peut être réalisé en termes de prévention et de lutte contre le paludisme. [1]

En 2013, jusqu’à 94 % de la morbidité était imputable à Plasmodium falciparum, 5 % à P. vivax et 0,7 % à P. malariae. Des infections mixtes représentaient 6,3 % des cas, en particulier dans la région de l’Équatoria. [1] Les parasites à l’origine du paludisme sont transmis par les vecteurs Anopheles gambiaes, An. arabiensis et An. Funestus. [4]

La riposte nationale au paludisme au Soudan du Sud est dirigée par le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Les lacunes techniques et opérationnelles, notamment l’insuffisance des ressources humaines à tous les niveaux, limitent considérablement la capacité du PNLP d’assurer une gestion et un contrôle adéquats de la prévention et de la lutte antipaludiques à l’échelle du pays. Sur les fonds disponibles pour la riposte nationale au paludisme entre 2018 et 2020, 11 % provenaient du gouvernement sud-soudanais, 46 % du Fonds mondial et les 43 % restants d’autres partenaires.

Moustiquaires à imprégnation durable (MIDs)

Les moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée (MID) constituent la principale intervention de lutte antivectorielle du Soudan du Sud. Ils sont distribués gratuitement par le biais de campagnes de masse et d'une distribution continue, principalement par des soins prénatals (ANC) et des interventions du Programme élargi de vaccination (PEV).[1] Le taux de possession d’au moins une moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII) par les foyers a légèrement diminué, passant de 66 % en 2013 à 63 % en 2017. L’enquête concernant les indicateurs du paludisme menée au Soudan du Sud en 2017 a révélé que plus des deux tiers des moustiquaires traitées à l’insecticide (68 %) provenaient de campagnes de distribution de masse. Le pourcentage d’enfants de moins de cinq ans ayant dormi sous une moustiquaire traitée à l’insecticide la nuit précédente a légèrement reculé, passant de 46 % en 2013 à 42 % en 2017. Le pourcentage de femmes enceintes dormant sous une moustiquaire traitée à l’insecticide est resté stable sur la même période : 50 % en 2013 et 51 % en 2017. [4]

Il existe d’importants obstacles logistiques et socio-comportementaux à la couverture universelle des moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée, tels que l’approvisionnement insuffisant en moustiquaires, le terrain difficile pour la distribution et la gestion logistique, le manque de données pour suivre l’utilisation des moustiquaires et le faible niveau de connaissances concernant l’utilisation correcte et systématique des moustiquaires, en partie en raison du niveau élevé d’analphabétisme et de la mauvaise couverture et du manque de continuité dans les interventions en matière de communication pour le changement social et comportemental. La prochaine distribution de masse de MID est prévue pour 2023. Il s’agira de la suite d’une campagne menée en 2020. [1]

Chimioprévention du paludisme saisonnier

En 2019, la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) a été testée dans un comté de l’Équatoria-Occidental avec une couverture de 91,1 % de la population ciblée et un taux d’observance de 99 %. Entre 2020 et 2022, le PNLP vise à étendre la CPS pour couvrir le reste des États de l’Équatoria-Occidental et du Bahr El Ghazal du Nord. [1]

Prise en charge des cas

L'un des principaux problèmes liés au diagnostic du paludisme est le traitement présomptif du paludisme. Par exemple, plus de 50 % des cas de paludisme chez les enfants sont traités par présomption. [5] Par ailleurs, seuls 9 % des cas de paludisme grave ont été diagnostiqués chez des enfants consultant des établissements de santé pour des soins curatifs. [5]

Le traitement du paludisme est assuré par les établissements de santé et l’iCCM. [4] Des progrès ont été réalisés dans le domaine de l'iCCM, mais toutes les régions ciblées, difficiles d'accès, n'ont pas été couvertes du fait de l'accès limité aux infrastructures et de l'insécurité. [4] Par ailleurs, les stratégies de mise en œuvre entre les partenaires ne sont pas coordonnées efficacement car l'iCCM est géré en tant que programme vertical par les ONG et le PNLP n'est impliqué que de manière limitée. [5]

Le paludisme chez la femme enceinte

La protection des femmes enceintes contre le paludisme s'appuie sur des moustiquaires traitées à l'insecticide et le traitement préventif intermittent du paludisme pendant la grossesse (TPIg) à la sulfadoxine-pyriméthamine (SP)/Fansidar®. L'OMS recommande aux femmes enceintes de recevoir au moins trois doses à partir du 2e trimestre de la grossesse. La couverture des deux premières doses de traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIg) a généralement augmenté entre 2013 et 2017. Le pourcentage de femmes ayant eu une naissance viable au cours des deux années précédentes et ayant reçu une dose de SP est passé de 38 à 67 %, tandis que le pourcentage de femmes ayant reçu au moins deux doses de SP est passé de 32 à 57 %. [3]

Cependant, il a été difficile d’étendre le TPIg à au moins 3 doses de sulfadoxine-pyriméthamine (SP), conformément aux recommandations de l'OMS. Parmi les raisons citées comme expliquant la faible couverture, citons des stocks insuffisants de SP, un accès difficile aux services de soins prénatals, un manque de supervision de la part des agents de santé et des comportements peu favorables en matière de consultation de santé. [5]

Le système de santé

Le secteur de la santé publique du Soudan du Sud se heurte à des obstacles tels que des lacunes techniques et opérationnelles,[1] une formation inadaptée, l’indisponibilité d’outils de travail dans les établissements de santé et un encadrement inadéquat. [5] Malgré ces difficultés, une évaluation de 2017 a révélé que les services de lutte contre le paludisme étaient généralement disponibles, 95 % de tous les établissements sondés étant en mesure de fournir un diagnostic du paludisme sous une forme ou une autre. 60 % des établissements sondés avaient du personnel formé ayant une certaine connaissance des lignes directrices en matière de traitement, et 25 % d’entre eux avaient au moins un employé formé en TPI.

Moins de la moitié des établissements avaient accès à des médicaments et des produits. Parmi les traceurs de médicaments et de produits, les établissements disposaient le plus souvent de stocks d’antipaludiques de première intention (53 %), de capsules/comprimés de paracétamol (48 %) et de médicaments pour le TPI (37 %). Seulement 6 % des établissements disposaient de tous les traceurs des services de lutte contre le paludisme. Toutefois, en moyenne, les établissements disposaient de 49 % de ces traceurs.

Parmi les défis au sein du secteur privé, citons la vente de médicaments antipaludiques non réglementés, y compris les monothérapies pourtant frappées d’une interdiction ministérielle. [4] Cette situation continue de prospérer en raison du manque de mise en application des politiques. Le PNLP fait participer le secteur privé aux formations sur le paludisme afin d'améliorer les pratiques dans le secteur privé. [5] La gestion de la chaîne d'approvisionnement fait face aux difficultés liées aux retards dans les processus d'achat, à la faiblesse des systèmes de distribution et au manque de données précises sur la consommation de produits antipaludiques. [5]

Engagement des partenaires

Plusieurs partenaires opèrent au Soudan du Sud. L'USAID et l'UNICEF couvrent le coût de la distribution continue des MID. L'UNICEF, l'USAID, le DFID et d'autres partenaires dans l’aide humanitaire ont également apporté leur soutien en achetant des ACT et des injections d'artésunate pour la prise en charge des cas de paludisme par le biais du pôle santé. [4] Population Services International (PSI), Malaria Consortium (MC), Doctors with Africa, Collegio Universitario Aspiranti Medici Missionari (CUAMM), et Health Link South Sudan (HLSS) ont mis en œuvre l'iCCM grâce à une subvention du DFID. [5] Malgré le soutien assuré par les partenaires, la coordination est insuffisante et difficile du fait de la multitude de partenaires rendant compte à une multitude de donateurs. [5]

Directives nationales en matière de traitement

Recommandation Traitement
Forte Artésunate injectable
Alternative Artéméther injectable
Alternative

Artéméther intramusculaire

Grossesse

Recommandation

Prévention

Forte

Sulfadoxine-pyriméthamine
(traitement préventif intermittent)

Market information

Injectable artesunate delivery into South Sudan
Artesunate rectal capsules delivery into South Sudan