Sénégal

Charge du paludisme

Photo: Adolescent girl

Le paludisme est endémique dans tout le Sénégal et la population entière est exposée à la maladie. En 2020, 0,7 % des décès dus au paludisme dans le monde sont survenus dans le pays. [1] Le nombre de cas de paludisme a diminué de 4,4 % entre 2017 et 2020, passant de 52 à 50 pour 1 000 habitants à risque, tandis que le nombre de décès dus au paludisme a légèrement augmenté de 1,8 % au cours de la même période, passant de 0,24 à 0,245 pour 1 000 habitants à risque.[1]

Malgré l’amélioration de l’accès et de la qualité des services de lutte contre le paludisme dans le secteur de la santé publique, le taux de demande de soins pour les maladies fébriles est resté stagnant (54 % en 2014, 53 % en 2018) chez les enfants de moins de cinq ans.[2] On distingue deux zones épidémiologiques dans le pays : la zone tropicale au sud et au sud-est, avec une transmission toute l’année qui culmine pendant la saison des pluies et une transmission plus faible pendant le reste de l’année, et la zone sahélienne au nord, avec une transmission plus élevée vers la fin de la saison des pluies et une transmission très faible pendant le reste de l’année.[2]

Le paludisme au Sénégal, causé par Plasmodium falciparum, P. malariae et P. ovale. P. falciparum, est responsable de près de 98 % des cas. Les parasites sont transmis par d’autres parasites, en particulier par six espèces de moustiques anophèles, correspondant à trois vecteurs majeurs (Anopheles gambiae sensu strictu, An. arabiensis et An. funestus s.s) et trois vecteurs secondaires d’importance locale (An. melas, An. nili et An. pharoensis). [3]

La prévalence nationale des parasites est passé de 5,9 % en 2008 à moins de 1 % en 2017.[1] Trois régions administratives du sud – Tambacounda, Kolda et Kédougou – présentent la charge de morbidité due au paludisme la plus élevée, avec une prévalence estimée respectivement à 1 %, 3 % et 7 %.[2] Le Plan stratégique national (PSN) du Sénégal a fait l’objet d’une refonte et couvre la période 2021-2025. Il vise un Sénégal sans paludisme pour soutenir le développement durable en assurant à l’ensemble de la population sénégalaise un accès universel aux mesures de prévention et de traitement du paludisme les plus efficaces et les plus abordables. Les objectifs du PSN ont été fixés par rapport aux niveaux de 2019, afin de réduire l’incidence du paludisme d’au moins 75 %, de réduire la mortalité due au paludisme d’au moins 75 % et d’interrompre la transmission locale dans au moins 80 % des districts éligibles identifiés en 2019. [2]

Prise en charge des cas de paludisme simple et grave

L’artésunate injectable a été adoptée comme traitement de première intention contre le paludisme grave dans les centres de santé, les hôpitaux et certains postes de santé ruraux inaccessibles pendant la haute saison de transmission. [2] En 2020, un total de 9 179 cas graves ont été enregistrés, tous âges confondus ; le programme devrait permettre une baisse de 100 cas chaque année si la mise en œuvre des interventions est accélérée. En 2020, 1 458 cas graves ont été enregistrés chez les enfants de moins de cinq ans, et le programme devrait permettre une diminution de 50 cas chaque année si la mise en œuvre des interventions est accélérée. En 2020, 7 482 cas graves ont été enregistrés chez les adultes, avec une baisse escomptée de 50 cas chaque année si la mise en œuvre des interventions est accélérée. [2]

Les besoins totaux en artésunate injectable pour 2021, 2022 et 2023 sont respectivement de 95 456, 94 656 et 93 856 flacons. Ces chiffres incluent un stock de sécurité estimé à six mois, ce qui représente 50 % des besoins annuels, et un taux de perte de 10 %. L’artésunate rectal comme intervention pré-transfert a été adopté dans les postes de santé et au niveau communautaire pour les enfants âgés de moins de cinq ans. [2]

Le traitement consiste en l’administration de suppositoires d’artésunate 100 mg, suppositoires B/2. Les projections en termes de besoins tablent sur au moins cinq boîtes de deux suppositoires de 100 mg par an pour chaque structure périphérique. Un stock de sécurité estimé à six mois, soit 50 % des besoins annuels, ainsi qu’un taux de perte de 10 % ont été pris en compte. Les besoins totaux en suppositoires d’artésunate pour 2021, 2022 et 2023 sont respectivement de 39 000, 40 500 et 42 000. Aucune pénurie d’artésunate injectable ou d’artésunate rectal n’est prévue pour les années 2021 à 2023.

Les soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans sont dispensés gratuitement dans les établissements de santé officiels, qui sont remboursés par le régime d’assurance maladie universel de l’État. Cette mesure a été étendue au niveau communautaire.[2]

En 2006, le PNLP du Sénégal a adopté des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) comme traitement de première intention et a introduit des tests de diagnostic rapide (TDR) en 2007. [2]

L’artésunate-amodiaquine, l’artéméther-luméfantrine et la dihydroartémisinine-pipéraquine sont considérées comme des CTA de co-première intention, bien que l’artésunate-amodiaquine soit administrée uniquement dans les zones dépourvues de chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS). Dans les zones de pré-élimination où l’incidence est inférieure à cinq pour 1 000, tout cas confirmé de paludisme reçoit une faible dose unique de primaquine ainsi que le traitement ACT. [2]

L’artésunate injectable a été adoptée comme traitement de première intention contre le paludisme grave dans les centres de santé, les hôpitaux et certains postes de santé ruraux inaccessibles pendant la haute saison de transmission. L’artésunate rectale en tant qu’intervention préalable à un transfert a été adopté aux postes de santé et au niveau communautaire pour les enfants de moins de cinq ans. [2]

L’artésunate-amodiaquine, l’artéméther-luméfantrine et la dihydroartémisinine-pipéraquine sont considérées comme des CTA de première intention, bien que l’artésunate-amodiaquine soit administrée uniquement dans les zones dépourvues de CPS2. Dans les zones de pré-élimination où l’incidence est inférieure à cinq pour 1 000, tout cas confirmé de paludisme reçoit une faible dose unique de primaquine ainsi que le traitement ACT. [2]

Les tests universels de dépistage de la fièvre sont devenus une politique en 2017. Les TDR sont utilisés au niveau des postes de santé et de la communauté, la microscopie, à des niveaux plus élevés. Le Sénégal surveille l’efficacité antipaludique en mettant en œuvre des études d’efficacité thérapeutique dans quatre sites sentinelles chaque année. [2]

Selon le rapport épidémiologique annuel 2018 du PNLP, 98 % des cas confirmés ont été traités par CTA. 520 898 CTA ont été administrés avec 530 944 cas de paludisme et 2 090 323 TDR utilisés. 98 % des cas suspects de paludisme ont été confirmés par TDR et/ou microscopie. [2]

Les soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans sont dispensés gratuitement dans les établissements de santé officiels, qui sont remboursés par le régime d’assurance maladie universel de l’État ; toutefois, cette mesure n’a pas été étendue au niveau communautaire. [2]

La proportion de ménages détenteurs de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) n’a cessé d’augmenter de 2005 à 2017 (de 20 à 85 %), mais a diminué en 2018 pour atteindre 77 % [2].

Moustiquaires imprégnées d’insecticide

La proportion de la population dormant sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII) est passée de 40 % en 2014 à 63 % en 2019. Des hausses similaires ont été observées chez les enfants de moins de cinq ans (de 43 % à 65 %) et les femmes enceintes (de 38 % à 68 %). [2] Une campagne de distribution de masse aura lieu en 2022 dans toutes les régions du Sénégal, à l’exception des zones urbaines de Dakar et Thiès, en raison de l’enveloppe budgétaire limitée ainsi que des difficultés opérationnelles de mise en œuvre rencontrées lors des efforts de couverture universelle en 2019. [2]

La campagne de distribution synchronisée avec la Gambie fut une réussite en 2019 et sera renouvelée et étendue à d’autres pays voisins du sud et du sud-est du pays (Guinée et Gambie). [2]

Paludisme pendant la grossesse

Le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) recommande d’administrer à toutes les femmes enceintes au moins trois doses de sulfadoxine-pyriméthamine (SP) au titre de traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIg), dès l’âge gestationnel de treize semaines, à un mois d’intervalle et jusqu’à l’accouchement. Des doses supplémentaires peuvent être administrées jusqu’à l’accouchement en respectant l’intervalle d’au moins un mois entre deux doses. 

Entre 2014 et 2019, la proportion de femmes ayant reçu au moins deux doses de TPIg (TPIg2) est passée de 40 % à 63 % et celles recevant au moins trois doses (TPIg3) est passée de 4 % à 20 %. [2]

Malgré ces progrès, des niveaux disparates de couverture du TPIg2 et du TPIg3 sont encore observés dans certains districts du Sénégal, comme en témoignent les données sanitaires de routine. Pour combler ces disparités, le PNLP et le système de santé ont piloté une initiative de TPIg confiée aux districts au niveau communautaire. L’approche consiste en l’administration par des ASC de SP aux femmes enceintes à partir du deuxième trimestre de la grossesse après un recensement de cette population cible. Les premiers résultats indiquent une amélioration de la couverture ainsi qu’une augmentation du nombre de consultations prénatales. [2]

En 2003, le Sénégal a adopté le traitement préventif intermittent des femmes enceintes, la sulfadoxine/pyriméthamine (SP) étant administrée gratuitement comme traitement sous surveillance directe lors de consultations prénatales ciblées (ANC) dans tous les sites ANC du pays [2].

En 2014, le PNLP a mis à jour ses supports de politique et de formation pour tenir compte des recommandations de l’OMS. L’une d’entre elles, appuyée par le PNLP, consiste à administrer la SP le plus tôt possible au deuxième trimestre avec un intervalle d’un mois entre deux doses de SP [2].

Chimioprévention du paludisme saisonnier

Le PNLP du Sénégal met en œuvre la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) depuis qu’elle a été recommandée par l’OMS en 2012, en ciblant les enfants jusqu’à l’âge de dix ans. Une grande partie des recherches existantes sur la CPS ont été menées au Sénégal, d’abord chez les enfants de moins de cinq ans, puis chez les enfants de moins de dix ans.[4]

Seize districts dans les cinq régions les plus touchées (Kédougou, Kolda, Tambacounda, Kaolack, and Diourbel) font l’objet de campagnes ciblées de CPS. Tous les districts des régions KKT (Kolda, Kédougou et Tambacounda) ainsi que les districts de Touba, Diourbel et Kaolack en bénéficieront. En 2021, des balayages mensuels ont été réalisés pendant quatre mois à Kédougou et trois mois dans toutes les autres régions cibles. Cependant, sur base de la durée observée de la saison de transmission du paludisme dans ces régions, un balayage mensuel supplémentaire sera ajouté aux districts à partir de 2022 pour couvrir une plus grande partie de la saison de transmission du paludisme. [2]

En 2019, la stratégie de campagne de CPS a été réajustée en fonction de l’évolution épidémiologique du paludisme au Sénégal pour couvrir un total de quinze districts, en excluant progressivement la région de Sédiou, où l’incidence a baissé de façon significative, et en ajoutant les districts de Touba et Diourbel dans la région de Diourbel. [2]

Le dosage mensuel sur trois mois est mis en œuvre dans les régions de Diourbel, Kolda et Tambacounda, et sur quatre mois à Kédougou, sur la base de la durée respective de la saison de transmission du paludisme dans ces régions.[2]

Défis à relever pour lutter contre le paludisme simple et grave

Les demandes de soins rapides en cas de fièvre au Sénégal sont rares. Si les mères considèrent la fièvre comme un signe de paludisme à prendre au sérieux, les hommes, y compris les pères, considèrent la fièvre comme un état bénin et temporaire.

Le traitement symptomatique de la fièvre par les parents des enfants retarde les soins rapides, le diagnostic et le traitement adéquats du paludisme. La disponibilité des TDR et des CTA est demeurée élevée dans les structures publiques ; des TDR non expirés étaient disponibles dans 97 % des structures et des CTA non expirés étaient présents dans 61 % des structures (93 % des structures publiques et 10 % des structures privées). Selon l’Enquête démographique et de santé continue de 2018 (EDSc), des soins avaient été sollicités pour 53 % des enfants de moins de cinq ans atteints de fièvre dans les deux semaines précédant l’étude, en grande majorité dans le secteur public, mais seulement 14 % de ces enfants avaient reçu un TDR.

En 2018, 98 % des femmes enceintes ont eu au moins une ANC par un prestataire qualifié. Toutefois, seules 64 % des femmes enceintes ont eu leur première ANC au cours du premier trimestre et 59 % ont eu quatre ANC ou plus. La conformité régulière aux ANC reste un défi au Sénégal.

Situation épidémiologique du paludisme au Sénégal

Image: Situation épidémiologique du paludisme au Sénégal

Admissions et décès dus au paludisme grave au Sénégal

Image: Admissions et décès dus au paludisme grave au Sénégal

Politiques et pratiques en matière de paludisme grave

Directives nationales en matière de traitement

Recommandation

Traitement

Fort

Artésunate IV

 

Recommandation

Pré-transfert

Postes de santé

Artésunate rectal

Niveau communautaire

Artésunate rectal

 

Grossesse

Recommandation

Protection

TPIp

Sulfadoxine/pyriméthamine (3 doses)

Market information

Injectable artesunate delivery in Senegal