Le système de santé en Angola

Depuis 1992, le système national de santé est divisé en quatre types de service : i) public ; ii) à but lucratif ; iii) à but non lucratif ; et iv) traditionnel. Le secteur public couvre également les services de santé fournis par les forces armées angolaises et le ministère de l’Intérieur (MOI), ainsi que par des entreprises publiques telles que Endiama et Sonangol, entre autres. Les agents de développement communautaire et sanitaire (ADECO) dépendent du ministère de l’Administration territoriale et non du ministère de la Santé (MOH). Le secteur privé, sous la supervision du Département général de l’inspection sanitaire, est concentré dans les zones urbaines et périurbaines où le réseau de services de santé publique est limité ou inexistant. Le secteur traditionnel n’est pas réglementé. Cependant, le ministère de la Santé joue un rôle de premier plan dans la définition et la mise en œuvre de la politique du secteur de la santé ainsi que dans l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de santé gouvernementaux, qui visent à atteindre la couverture santé universelle (CSU) d’ici 2025. [3]

  • Le système de santé angolais est constitué de trois niveaux : [3]
  • Le premier niveau : 1 650 postes de santé, 331 centres de santé, 43 centres de santé maternelle et infantile, 165 hôpitaux municipaux, 83 établissements de soins généraux
  • Le deuxième niveau : 25 hôpitaux généraux provinciaux
  • Le troisième niveau :  20 hôpitaux centraux et spécialisés

Selon les diagnostics de 2016 du ministère de la Santé pour l’amélioration du secteur de la santé, les principaux défis sont les suivants : [3]

  • Insuffisance de la couverture des services de santé et de la qualité des soins ;
  • Faiblesse des systèmes de transfert et de contre-transfert entre les trois niveaux du service national de santé ;
  • Insuffisance des ressources humaines pour la santé (RHS) en termes de nombre, de qualité et de répartition ;
  • Faiblesses des systèmes de gestion de la santé, y compris les systèmes d’information sur la gestion de la santé et la logistique (HMIS et LMIS), ainsi que des systèmes de communication ;
  • Financement insuffisant et inadéquation des modèles de financement ; et

Faible collaboration au sein du secteur de la santé publique et avec les autres secteurs fournissant des services de santé. Par exemple, en ce qui concerne le secteur privé, l’Angola ne dispose pas d’informations fiables sur le recours aux établissements de santé privés. Étant donné que 99,9 % des établissements de santé privés sont situés à Luanda, il est probable que la majorité de la population de Benguela ou de Cuanza Sul se tournerait vers les établissements de santé publics. Bien que Benguela compte plus d’établissements de santé privés que Cuanza Sul, ceux-ci sont principalement situés en milieu urbain alors que la majorité de la population de ces provinces vit en milieu rural.

 

Ressources humaines pour la santé

Avec 4 165 médecins et 33 043 infirmières pour une population de plus de 30 millions d’habitants en 2019, l’Angola compte 1,38 médecin et 10,95 infirmières pour 10 000 habitants. [3] Outre le nombre insuffisant de professionnels de la santé à tous les niveaux, le système national de santé se caractérise par une répartition inégale des ressources humaines pour la santé (RHS) entre tous les services et niveaux. Le déséquilibre entre les besoins en RHS et les RHS disponibles à chaque niveau du système de santé reste un énorme défi. Il y a une pénurie de professionnels de la santé formés en sciences de la santé telles que la santé publique, l’épidémiologie, les statistiques, la gestion des programmes de lutte contre les maladies, la pharmacie, la logistique et les technologies de l’information (TI) sur la santé.

 

Dans les établissements de santé du secteur public, le moral du personnel est généralement mauvais en raison de la faible rémunération et des perspectives de carrière limitées. Les formations insuffisantes et le manque de motivation affectent également la qualité des soins aux patients dans le secteur public. Ces facteurs influent également sur le respect par le personnel des règlements, directives, protocoles et prescriptions en matière de communication des données ; les systèmes de suivi du comportement professionnel ne sont pas appliqués de manière systématique. L’Angola ne dispose pas de données sur les versements informels au système national de santé.

 

Chaîne d’approvisionnement du paludisme en Angola

Le Plan national pour la santé 2012-2025 (Plano Nacional de Desenvolvimento Sanitário - PNDS 2012-2025) a souligné que l’absence d’un plan stratégique complet pour la chaîne d’approvisionnement est un obstacle majeur à l’accès aux produits pharmaceutiques en Angola.

 

En 2016, le ministère angolais de la Santé a défini une Stratégie nationale de la chaîne d’approvisionnement qui doit servir de document d’orientation principal pour une meilleure planification et l’alignement efficace des ressources financières, technologiques et humaines afin d’améliorer la performance globale des chaînes d’approvisionnement en produits de santé, y compris celle du paludisme, en Angola.

 

Le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) a aligné ses interventions sur l’actuel projet de Stratégie nationale de la chaîne d’approvisionnement, et dirige et participe à des activités telles que :

  • Élaboration des plans nationaux d’achat et de distribution des produits de base.
  • Renforcement de la planification et de la coordination conjointes de tous les acteurs tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
  • Amélioration de l’exploitation des données sur l’utilisation d’antipaludiques afin de déterminer avec précision les besoins futurs en produits pour chaque point de prestation, municipalité, province et le niveau central.
  • Génération de données récentes et précises à utiliser pour la prise de décision de la chaîne d’approvisionnement.
  • Amélioration des conditions de stockage des produits pharmaceutiques.
  • En collaboration avec la Direcção Nacional de Medicamentos e Equipamentos (DNME), développement d’un système d’enregistrement, d’homologation, d’utilisation rationnelle et de contrôle qualité des médicaments, ainsi que d’un réseau de surveillance des médicaments pour le suivi des effets indésirables.

L’Initiative du Président américain contre le paludisme (President's Malaria Initiative, PMI) a mis en évidence les obstacles dans ses provinces cibles qui ont ralenti la mise en œuvre d’une gestion efficace de la chaîne d’approvisionnement du paludisme :

  • Les retards et le non-lancement des achats d’antipaludiques effectués par le Gouvernement angolais, dont une partie était destinée à être utilisée dans les provinces ciblées par la PMI, ce qui a eu une incidence sur les stocks de certains produits.
  • Les retards dans la réalisation de l’inventaire en temps réel à la fin de chaque mois à la Centrale d’achat de médicaments et de fournitures médicales (CECOMA) et les retards dans la remise des rapports provinciaux mensuels sur le paludisme ont freiné les parties prenantes dans leur planification respective en raison de l’absence de données logistiques mises à jour. En outre, même lorsque des données logistiques sont disponibles, en raison de contraintes de personnel au niveau central, l’accent est généralement mis davantage sur l’exhaustivité et l’exactitude que sur une analyse plus approfondie de ces données pour la prise de décisions.
  • Les retards dans le partage des informations et le manque de coordination entre le ministère de la Santé et les partenaires en matière d’achat d’antipaludiques.
  • Le roulement régulier des techniciens des entrepôts municipaux formés à la gestion des produits pharmaceutiques dans la plupart des municipalités des six provinces ciblées par la PMI a été observé au cours des supervisions.
  • La COVID-19 a eu un impact sur la rapidité des livraisons internationales des produits de base et la logistique nationale.
  • L’utilisation inadéquate des résultats de l’exercice de quantification servant à renseigner les besoins en matière de planification de l’approvisionnement par le ministère de la Santé et les partenaires.
  • L’absence d’actions découlant de l’analyse des données sur les stocks issues du rapport mensuel sur l’état des stocks au niveau central pour accélérer la prise de décision.
  • La participation limitée du GEPE (Département des achats du ministère de la Santé) à la quantification du paludisme nécessite un effort accru pour plaider auprès des autres niveaux de gouvernement en faveur de l’achat d’antipaludiques financés par le gouvernement angolais.